Java pas bien

Nous sommes arrivés en Indonésie la tête pleine de clichés et d’images de cartes postales, persuadés de découvrir un archipel authentique mêlant nature et tradition et dégageant une sérénité unique au monde… Que nenni ! Comment vous parler de Java sans vous en dégoûter ? Je ne sais pas. Nous y avons passé cinq jours affreux à nous faire ballotter dans tous les sens et ça restera la semaine noire de notre voyage.
Tout commence par notre arrivée à l’aéroport. Nous étions loin d’imaginer qu’on y passerait 3 heures, entre la recherche d’un distributeur HSBC, les rabatteurs qui nous posent 10 000 fois la question « taxi ? » – non merci n’étant pas une réponse possible – et le transport d’un terminal à un autre (durée moyenne 30 min, sachant qu’il y en a trois…). Nous croyons notre calvaire terminé une fois assis dans la navette qui rallie l’une des gares ferroviaires, persuadés de pouvoir rejoindre Yogyakarta le jour même. Durant le trajet (environ 1 heure) nous contemplons la parfaite laideur de Jakarta, qui en plus de jouir d’une densité humaine des plus élevées au monde, est l’une des villes les plus polluées et sales que nous ayons visitées.
Mais aussitôt débarqués, nous prenons de plein fouet l’effet Kiss cool de notre mode de voyage qui consiste à ne rien réserver à l’avance : le train est complet pour les trois prochains jours ! Et oui, en Indonésie aussi il y a ce qu’on appelle communément des vacances scolaires. Seule échappatoire, prendre un car qui part d’une gare routière située à 1 heure de notre station de train. Mais où diable se trouve le bus censé nous y emmener ? Personne ne semble pouvoir nous l’indiquer… Entre notre prononciation catastrophique des lieux et des indonésiens qui ne pipent pas mot d’anglais – mais qui adorent Zidane – pour la première fois de notre voyage, nous nous sentons totalement désemparés. Une fois l’arrêt trouvé, il nous faudra laisser passer trois bus bondés avant de pour pouvoir monter à bord avec nos gros sacs, tassés comme dans le RER A de 8h un lundi matin.
Arrivés à cette fameuse gare, nos amis les rabatteurs atteints d’alzheimer ont changé de disque et nous martèlent les oreilles en balançant des noms de destinations au hasard, Yogya, Surabaya, etc. Nous finissons par réserver un bus de nuit AC – avec clim – censé partir à 18h et arriver à dix heures plus tard. Parfait, on commence à avoir une lueur d’espoir d’atteindre Yogyakarta le lendemain matin. Le bus partira avec 1h30 de retard, les fenêtres grandes ouvertes (cf. l’option clim), pour une arrivée à Yogyakarta à midi ! Après une nuit horrible à respirer les cigarettes de nos voisins – les bus sont fumeur ! – et à éviter les déchets jetés sans vergogne par les indonésiens tout au long du trajet, transformant le couloir en porcherie, nous nous donnons du courage en mettant tout ça sur le dos d’une journée poisseuse, mais passée !
Yogyakarta est une ville très dense avec une circulation monstrueuse et des deux-roues qui déboulent de tous les côtés. Nous mettrons une heure à traverser la ville pour arriver au quartier des logements bon marché. 20kg sur le dos, 35° à l’ombre, les traces d’une nuit blanche sous les yeux, nous sommes fin prêts à encaisser la bonne nouvelle : tout est complet, c’est les vacances ! Un ptit gamin tombé du ciel nous mènera finalement dans un immeuble crasseux où nous déposerons nos bagages, exténués.
Dès le lendemain, nous visitons les magnifiques temples de Borobodur et Prambanan puis nous réservons dans la foulée une excursion qui nous conduira en trois jours au Mont Bromo puis au Kawah Ijen. Nous aurions sans doute pu nous débrouiller sans agence, mais après nos récents déboires, nous ne voulions pas tenter le diable, surtout que le trajet promet d’être long.
Si la vue du Bromo au lever du soleil est splendide, nous aurons un peu moins de chance avec notre deuxième réveil matinal, puisque le lac du Kawah Ijen jouera à cache-cache avec les nuages. Nous avons néanmoins pris une claque en regardant les porteurs qui parcourent jusqu’à trois fois par jour 3km de pente raide, chargés de 70kg de soufre – payé au poids mais à un montant dérisoire – le tout en tongs et avec le sourire !
À l’issue de l’excursion, notre chauffeur nous jettera littéralement devant un bus local archi-comble, censé nous faire passer de Java à Bali (1 heure de ferry) puis nous conduire jusqu’à Denpasar (3 heures de route). Il est 10 heures du matin, le chemin qui mène à l’embarcadère est complètement bouché, encore une fois les choses s’annoncent bien. Et en effet, un vent de panique souffle au port en raison des vagues de départ liées aux vacances combinées aux vagues tout court qui clouent les gros ferrys à quai. Nous attendrons 5 heures avant de pouvoir traverser, coincé dans ce bus, sans même une place assise. Résultat des courses, nous serons finalement déposés à notre terminus vers 23 heures, et allez savoir pourquoi, dans une gare qui n’était pas celle prévue. Cette fois il faut se rendre à l’évidence, on est suivi par le mauvais oeil, ou comme on dit chez nous 9awssou 3lina wlad le7ram !
Abandonnés à notre triste sort, nous posons notre maison portative, mangeons un petit nasi qui nous enflamme la bouche et évaluons les choix qui se présentent à nous pour être à Lombok le lendemain :
– passer la nuit dans ce terminal à attendre un bus qui peut arriver à minuit, 3h ou 8h du matin selon les sources
– se rendre dans une autre gare, 10km plus loin, où les bus seraient apparemment plus fréquents mais sans aucune certitude
– casser notre tirelire pour prendre un taxi qui nous emmènerait directement au port de Padangbai, d’où l’on aurait une chance d’attraper le premier ferry du matin
Une fois n’est pas coutume, la providence nous envoie du renfort, sous la forme d’une vieille femme au yeux étonnement transparents, qui par miracle parle anglais et nous aide à partager le prix du taxi avec un local. Sitôt arrivés à Padangbai – 22 heures se sont quand même écoulées depuis notre lever – on se trouve une chambre, on se jette sur le lit et on rêve de retrouver le plaisir de voyager.
On ne comprend pas ce que vous avez fabriqué à Java. Nous pour le Puy de Dôme, ça a été impeccable, air pur, chambre propre et fraîche, petites routes au milieu des sapins et des framboises. Aucun rabatteur, autochtone très souriant malgré un patois un peu bourru !
la prochaine fois : une bonne adresse pour routards, le lodge « Les Elfes » à Brindas.
Cuisinière excellente, toujours de bonne humeur, chauffeur livreur, réparations en tout genre, chef jardinier…
Retenez à l’avance cette bonne petite adresse très prisée des connaisseurs.
On y passera dès notre retour, c’est promis !
Dommage que les tracas d’une journée de poisse vous aient privé d’une vision plus enthousiasmante de Java.
Je garde un souvenir excellent de l’île, de la douceur de ses habitants et en particulier de Jogja et son mix unique de tradition et d’underground étudiant.
Il faudra lui donner une seconde chance un jour, je vous assure.
Bonnes vacances :-)
Il faut dire que c’était un peu la course… Mais heureusement nous avons eu le temps de bien nous rattraper par la suite :-)